II

Depuis plus d’une heure, Bob Morane et Bill Ballantine étaient enfermés dans leur cachot. Assis chacun sur une couchette, ils n’avaient pas encore prononcé le moindre mot, philosophant sans doute en eux-mêmes sur le mauvais sort qui, depuis toujours, s’acharnait sur eux. Depuis des années qu’ils étaient menés de Caïphe en Pilate par l’aventure, livrés aux pires dangers dont ils n’étaient jusqu’ici parvenus à se tirer qu’à force de courage, d’audace… et aussi grâce à leur goût du risque qui souvent les poussait à devancer l’ennemi, si dangereux fut-il, ils avaient décidé d’entreprendre cette croisière afin, espéraient-ils, de goûter un peu de paix. Eh bien ! non. Là aussi, les ennuis étaient venus à leur rencontre. Cela devenait une véritable prédestination. Presque une malédiction.

Le premier, Bill Ballantine releva la tête.

— Pas à dire, commandant, maugréa-t-il, mais on s’est encore mis dans un fameux pétrin, et cela rien que pour avoir franchi une ligne de bouées.

— Bah ! fit Morane avec indifférence, ce n’est pas un crime.

— N’empêche que ce maudit sous-off a parlé de peloton d’exécution… Pas moins !

— Il aurait pu aussi bien parler du supplice de la roue, ou de l’entonnoir… Tu sais quand on vous force à avaler des litres et des litres d’eau…

Cette description parut bouleverser l’Écossais, qui glissa :

— Quelle horreur !… Quand je pense qu’à une époque il y a eu des gens assez cruels pour obliger des suspects à ingurgiter… de l’eau. C’était vraiment le comble de la barbarie.

— Nous sommes loin de ce temps-là, assura Morane avec un sourire – mais au fond de lui-même il n’était guère trop convaincu. Quant à la fusillade, on ne fusille pas les gens comme ça, surtout pour avoir franchi une simple ligne de bouées. Nous ne sommes pas en temps de guerre. Rassure-toi, nous n’avons rien à nous reprocher et tout finira par s’arranger… Mais je crois qu’on vient…

Au-dehors, des bruits de pas se rapprochaient en effet. La porte s’ouvrit et le sous-officier de tout à l’heure apparut, escorté de deux soldats armés, de mitraillettes.

— Allons debout ! cria-t-il à l’adresse des captifs. Vous vouliez voir notre chef, eh bien ! vous allez le voir… pour votre malheur. Il vous attend hors du camp, avec le peloton d’exécution.

Morane se contenta de hausser les épaules, pour lancer sur un ton goguenard, en français :

— Arrête ton « charre », Ben Hur, on est arrivé…

Bill Ballantine, lui, ne possédait pas le calme tout olympien de son ami. L’humour du sous-officier commençait à lui taper sur les nerfs et, quand ça lui arrivait, il se sentait chaque fois pris d’une envie de taper sur quelqu’un, et pas sur les nerfs de ce quelqu’un. Il avança d’un pas vers le sous-officier et montra des mains à ce point larges que, brandies devant l’unique fenêtre, elles firent pendant un moment l’obscurité quasi totale dans l’étroite pièce.

— Écoutez, mon vieux, gronda-t-il à l’adresse du sous-officier, si vous ne la bouclez pas avec vos plaisanteries à trois pence le camion de dix tonnes, je vous enfonce à coups de poing votre casquette dans votre gueule de raie jusqu’à ce qu’elle vous étouffe.

Jamais le sous-officier n’avait eu autant d’ennuis avec sa jugulaire. On eût dit qu’elle et son menton allaient se séparer à jamais. Il avala sa salive, regarda avec respect les battoirs du géant, avala à nouveau sa salive puis rectifia la pose en lançant d’une voix à ce point neutre qu’elle aurait tout aussi bien pu sortir du gosier d’une statue grecque :

— Suivez-moi jusqu’au bureau de notre chef.

— C’est déjà mieux, constata Bill, mais ce serait mieux encore si, quand vous nous adressez la parole, vous disiez « sir ».

— Oui, sir, fit le sous-officier qui paraissait cette fois tout à fait dompté.

Encadrés par les trois militaires, Morane et Bill quittèrent leur prison et se dirigèrent vers une construction carrée, plus élégante que les autres, au sommet de laquelle flottait l’Union Jack et qu’entouraient des parterres de plantes tropicales. Il ne fallait pas être sorcier pour deviner qu’il s’agissait bien là du logis du commandant de la base.

La ligne des parterres fleuris fut franchie, on foula une allée garnie de gravier qui devait être soigneusement ratissé chaque matin, comme si on se trouvait dans un cottage cossu du Yorkshire. Et, quelques secondes plus tard, les prisonniers étaient introduits dans un étroit corridor sur lequel donnaient plusieurs portes.

— Vous allez comparaître devant le major, dit le sous-officier. Tout le temps, de l’entrevue, vous serez observés sans cesse et, au moindre geste suspect…

— Encore des menaces… fit remarquer Bob. Décidément, sergent, vous n’avez rien d’Alice et nous ne sommes pas au Pays des Merveilles…

— Je ne m’appelle pas Alice, dit l’interpellé d’une voix sombre, mais Albert Marmelon.

— Marmelon ! fit Morane avec un sourire. C’est bien ce que je pensais…

Une des portes fut ouverte et Marmelon la franchit, pour saluer raidement en lançant :

— Les suspects sont là, sir.

Une voix se fit entendre.

— Faites entrer ces gibiers de potence, sergent !… Et, surtout, tenez-les à l’œil… Sont sans doute capables de tout.

— Décidément, tout ce monde-là commence à exagérer, murmura Ballantine, et si cela continue je vais sérieusement m’énerver.

— Garde ton calme, conseilla Morane. On n’en a jamais trop.

Ils pénétrèrent dans une pièce assez vaste, garnie des traditionnels meubles en rotin et où des stores, soigneusement baissés, entretenaient une pénombre bleutée. Au plafond, une grande hélice brassait l’air tiède avec un bourdonnement de grand moustique affolé. Derrière un bureau, un homme était assis mais, à cause des persiennes baissées, il demeurait dans l’ombre et l’on ne pouvait distinguer ses traits. Tout ce qu’on pouvait en dire, c’est qu’il portait la casquette et l’uniforme d’officier de l’armée de l’air britannique.

— Que vos hommes tiennent bien à l’œil ces rien-qui-vaillent, sergent Marmelon, dit-il. Avec des individus pareils, on ne sait jamais exactement à quoi s’en tenir.

Morane serra les poings. Il eût aimé apprendre à vivre à ce malotru qui recevait ses visiteurs la casquette vissée sur le crâne comme s’il s’agissait d’une malformation congénitale, et qui en plus se permettait d’inqualifiables grossièretés.

Le sergent Marmelon désigna des sièges aux deux amis et jeta d’une voix rogue :

— Asseyez-vous !

Décidés à prendre leur mal en patience, Bob et Ballantine obéirent. Il y eut un long silence, puis l’officier, les traits toujours enfouis dans l’ombre, commença :

— Messieurs, votre cas est grave… très grave même si vous l’ignorez…

— Nous aimerions savoir ce qu’on nous reproche exactement, fit Morane avec calme.

Il lui semblait que la voix de l’officier lui était familière, mais rien ne ressemble plus à l’accent d’un Anglais qui affecte le ton haut perché d’Oxford – même s’il a été élevé dans les bas quartiers de Liverpool – que l’accent d’un autre Anglais qui affecte également ce ton.

— Ce qu’on vous reproche ? fît l’officier. Ne faites pas les innocents. Vous êtes des espions qui se sont introduits clandestinement dans une base d’essai ultra-secrète, dans l’intention évidente de dérober des documents confidentiels, et vous demandez ce qu’on vous reproche !… Mieux vaut vous reconnaître coupables. Cela nous évitera de perdre du temps. Je pourrais sans retard réunir une cour martiale qui, bien entendu, voterait la peine de mort. Ainsi, dans moins d’une heure, vous seriez fusillés et tout le monde serait content. L’armée britannique n’a pas de temps à perdre avec des forbans de votre espèce.

Depuis un long moment déjà, Bill Ballantine se contenait. Cette fois, il n’y tint plus et, se dressant, prêt à s’élancer sur l’insulteur, il gronda :

— Eh ! minute… Tout officier que vous êtes, je vais vous faire bouffer vos bottes.

D’une main de fer, Bob Morane retint son ami par le poignet et le força à se rasseoir.

— Ne nous emballons pas, dit-il.

Il fit une pose, pour reprendre presque aussitôt, s’adressant directement à l’officier :

— Il est vraiment regrettable, sir, que vous vous livriez à de tels écarts de langage. Mais il est possible que vous n’en pouvez rien : peut-être avez-vous eu une nurse qui cumulait cet emploi et celui de gardienne de prison… Mettons les choses au point… Je m’appelle Bob Morane, commandant en disponibilité dans l’Armée de l’Air française, et voici mon ami Bill Ballantine qui…

— Le commandant Morane, Bill Ballantine ? coupa férocement l’officier. Alors, vous serez certainement fusillés !…

 

***

 

Morane et Bill en avaient vu de toutes les couleurs au cours de leur existence de coureurs d’aventures, et il en fallait beaucoup pour les étonner. Pourtant, cette attaque trop directe les laissa sans voix durant quelques instants, et ils ne devaient même pas avoir l’occasion, par la suite, de protester, car l’officier, d’une main, avait remonté la persienne, tandis que, de l’autre, il enlevait sa casquette et la posait sur la table.

Le même sursaut, la même exclamation échappèrent à Morane et à Ballantine :

— Major Briggs !!!

Un visage auquel il était difficile de donner un âge, avec une peau couleur de brique mal cuite, des moustaches d’un blond agressif aux pointes cavalièrement relevées et des yeux couleur de mer nordique en furie ; des cheveux qui se raréfiaient mais parmi lesquels nulle grisaille n’apparaissait, bien que l’homme eût atteint la quarantaine. Au côté gauche de la vareuse d’officier, il y avait tant de décorations qu’on pouvait se demander comment celui qui les portait pouvait ne pas avoir été nommé ministre de la guerre.

Le major Briggs était un vieil ami de Bob Morane et de Bill Ballantine qui, jadis à Aden, l’avaient aidé à mener à bien une fort mystérieuse affaire d’avions pirates.[1]

— Eh ! oui, le major Briggs, avait dit l’officier. Ça vous étonne de me voir là, hein, mes amis ?

— Et comment ! fit Ballantine avec joie. Je me disais bien qu’il y avait dans votre ton quelque chose qui ne cadrait pas avec la dignité d’un militaire britannique. Pour tout vous dire, je commençais à prendre la chose par le mauvais côté, et à un moment donné j’ai bien eu l’envie de vous attraper par la cravate… sans savoir qui vous étiez bien entendu… Si le commandant ne m’avait pas retenu…

— C’est pour cela que j’ai arrêté la plaisanterie à temps, dit Briggs. Je connais votre force Bill, et je ne tenais pas du tout à vous servir de punching-ball.

Le colosse se mit à rire, en disant :

— Pour une bonne surprise, c’est une bonne surprise, major, ça on peut le dire ! Le commandant et moi, on se croyait déjà sur le point d’être fusillés. Faut dire que votre subordonné n’y allait pas de main morte.

— Quand j’ai su que les « espions » se nommaient Bob Morane et Bill Ballantine, expliqua Briggs, j’ai fait monter une petite mise en scène pour vous effrayer, car vous avez sans le savoir violé une base ultra-secrète.

— Nous avons bien compris qu’il se passait quelque chose d’anormal quand nous avons vu cet appareil extraordinaire sortir des flots, intervint Morane.

Le major Briggs approuva.

— Un appareil extraordinaire, l’Oiseau de Feu !… Ça vous pouvez le dire, Bob… Le mot n’est même pas assez fort… Mais peut-être aimeriez-vous le voir de plus près ?

À ces dernières paroles, l’intérêt brilla dans les yeux de Bob et de Bill, qui échangèrent un regard complice.

— Si on aimerait le voir ! s’exclama Morane en concrétisant leur pensée commune. Plutôt deux fois qu’une !

— Surtout qu’il a bien failli éventrer notre bateau comme s’il s’agissait d’un vulgaire sac de papier gonflé, renchérit Ballantine, et nous envoyer ad patres par la même occasion.

— Eh bien ! vous allez juger sur pièce, fit Briggs. Je sais pouvoir vous faire confiance… Si vous voulez me suivre…

Depuis un moment déjà, le sergent Marmelon et les soldats avaient disparu. Bob Morane et Bill Ballantine suivirent le major au-dehors et tous trois prirent place dans une jeep qui fila en direction des collines proches.

Il fallut quelques minutes à peine pour atteindre une haute falaise dans laquelle était encastrée une porte métallique à deux battants, flanquée par des sentinelles en armes.

Sur un commandement de Briggs, la porte fut ouverte et la jeep s’avança le long d’un tunnel creusé à même le roc et éclairé d’endroit en endroit par des lampes collées au plafond et protégées par des abat-jour grillagés.

— En voilà des précautions pour un vulgaire zinc, fit remarquer Ballantine. On se croirait dans le coffre-fort principal de la Banque d’Angleterre.

— Bientôt, vous comprendrez le pourquoi de tous ces mystères, répondit laconiquement Briggs.

La jeep s’arrêta à l’extrémité du tunnel et, tandis que le chauffeur demeurait au volant, Briggs, Morane et Ballantine mirent pied à terre.

Il leur fallut seulement faire quelques pas pour déboucher dans une vaste caverne où s’affairaient de nombreux techniciens vêtus de combinaisons spéciales. À l’extrémité de la salle, une large ouverture taillée dans le flanc de la colline laissait apercevoir un pan de ciel bleu.

Pourtant, ce qui devait retenir l’attention de Morane et de Bill Ballantine, ce fut le merveilleux engin couleur de feu, installé sur un plan incliné, au centre de la caverne. Il s’agissait selon toute évidence de l’appareil qu’ils avaient pu admirer en vol, quelques heures plus tôt, mais à présent il leur était possible de le détailler plus à loisir. De la taille d’un bombardier de petit tonnage, il affectait la forme d’une torpille, avec un empennage en croix et quatre longues ailes étroites en delta. À l’avant de l’aile supérieure, qui le prolongeait, un cockpit bien caréné dans lequel, selon toute évidence, pouvaient prendre place quatre personnes. Vu de près, le rostre se révélait être en réalité un canon.

Une exclamation avait échappé, à Ballantine, sorte de condensé dans lequel explosait toute son admiration.

— Mince de coucou !

— Bill a raison, approuva calmement Morane. Cela me paraît être un engin extraordinaire. Pourriez-vous nous fournir quelques détails, major, ou est-ce absolument top-secret ?

— C’est absolument top-secret, répondit Briggs, mais je veux bien faire une exception pour des amis tels que vous, si vous me promettez de ne jamais rien répéter de ce que vous allez entendre.

— Bien entendu, vous avez notre parole, assura Morane.

Briggs sourit d’un air convaincu, en disant :

— Je sais pouvoir vous faire confiance, je le répète…

En désignant l’Oiseau de Feu, il reprit aussitôt :

— Cet appareil est le dernier-né de la technique britannique… Un engin terre-air-eau, à la fois avion et sous-marin… Deux réacteurs atomiques, vitesse pouvant atteindre douze mille kilomètres heure. Armement, atomique également… Aimeriez-vous jeter un coup d’œil à l’intérieur ?

— On en meurt d’envie, dit Morane.

— Si je devais y renoncer ou me priver à jamais de whisky, je n’hésiterais pas, assura Ballantine en ayant soin de ne pas préciser dans quel sens il se déciderait.

Tous trois gravirent l’échelle de coupée menant au cockpit. Il était ouvert et un homme en tenue de vol, casqué comme un cosmonaute et le masque à oxygène pendant sur la poitrine, occupait le siège du pilote. Il fit un léger salut à l’adresse de Briggs en portant la main droite au rebord de son casque.

— Tout est parfait, Crawford ? interrogea le chef de la base.

L’interpellé leva le pouce en un geste coutumier aux aviateurs.

— Tout est parfait, major, répondit-il. Dès à présent, notre Oiseau de Feu peut être considéré comme opérationnel et, si le budget de la Défense le permet, on pourra bientôt commencer à le fabriquer en série…

Avec une grimace, Briggs se mit à tordre une des pointes de sa moustache, en marmonnant :

— Le budget de la Défense… Le budget de la Défense… Ouais… Ouais…

Il s’interrompit, songeur, puis il sursauta légèrement et reprit :

— Mais j’oubliais de faire les présentations… Capitaine Crawford… Le commandant Morane… M. Ballantine… Peut-être avez-vous déjà entendu parler d’eux, Crawford ?

— Et comment !… Il m’arrive de lire les journaux de temps en temps, et les aventures du commandant Morane et de Mister Ballantine ne sont pas de celles-là qui ne bénéficient que d’un petit entrefilet en huitième page…

— On nous persécute, glissa Bob avec un sourire mi-figue mi-raisin. Si l’on savait combien j’aime mes pantoufles, on me ficherait la paix…

— Et moi qui n’ai qu’une ambition, fit à son tour Bill avec un grand soupir, élever mes poulets et toute quiétude !

Pendant que ces paroles s’échangeaient, Morane considérait Crawford avec attention. Trente-cinq ans environ, beau garçon, sympathique, avec une fine moustache brune un peu trop soigneusement taillée peut-être. Selon toute évidence un homme qui aimait bien vivre et auquel son salaire de pilote d’essai, bien que confortable, devait tout juste permettre de nouer les deux bouts.

Du plat de la main, Bill Ballantine avait frappé le rebord du cockpit en disant d’un ton rêveur :

— On doit avoir l’impression de donner des coups de pied au soleil quand on vole dans un engin pareil…

Crawford ne répondit pas. Il se contenta de s’adresser à Briggs, pour demander :

— J’allais justement procéder à un nouvel essai, major. Si le commandant Morane et Mister Ballantine m’accompagnaient ?

Briggs hésita.

— Croyez-vous que ce soit bien réglementaire, Crawford ?

— L’avis d’experts de leur sorte ne pourrait qu’être bénéfique.

Cette remarque sembla décider Briggs, qui approuva :

— Peut-être avez-vous raison, Crawford… Et puisque personne n’en saura rien, et j’ai pleine confiance en nos deux amis.

Se tournant vers Morane et Ballantine, il demanda :

— Qu’en pensez-vous ?

Bob haussa les épaules.

— C’est un peu comme si vous demandiez à des aigles s’ils veulent voler, major…

 

L'Oiseau de Feu
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